Le projet SENS a bientôt un an !

Érik-André Sauleau, responsable scientifique du projet SENS, s’est prêté au jeu de l’interview pour faire le point sur le projet qui fête bientôt son premier anniversaire. Retour sur la genèse de SENS, les premières réalisations marquantes et les perspectives pour les années à venir.  

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer le projet SENS ?

C’était l’occasion de monter un projet interdisciplinaire regroupant des médecins, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens, des professionnels du paramédical, etc. On a tendance à fonctionner en silo et c'est assez flagrant quand on compare nos programmes de formation. Pourtant, la manière d’enseigner la santé numérique en dentaire n’est pas fondamentalement différente de la manière dont on l’enseigne en médecine. L’intérêt, c’était de mutualiser les pratiques. Cela ne marche pas sur tout et tout le temps, et par conséquent il faut définir ce qui est mutualisable et ce qui doit rester de l’ordre de la spécialité.

Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?

Le point de départ, c'était un groupe préfigurateur du projet SENS qui émanait de l’Université de Strasbourg et qui était piloté par les trois facultés de santé. Nous avons répondu à l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir » sur le volet « Stratégie accélération en santé numérique » en juillet 2022. Boutade ou pas, nous avons fixé le démarrage officiel du projet au 1er avril 2023. Dans l’intervalle, nous sommes passés par le processus de sélection avec un entretien, le projet a dû être remodelé parce que nous devions optimiser notre plan financier et il a finalement été accepté. Le projet a été particulièrement bien accueilli puisque nous avons obtenu 85% du financement demandé. Le projet a démarré sous les meilleurs auspices. Quand nous avons reçu le feu vert, nous avons pu procéder au démarrage, et la première chose à faire, c'était de recruter le personnel adéquat.

Cela fera bientôt un an que le projet est lancé, quelles sont les premières réalisations marquantes ?

Premièrement, nous avons constitué une équipe qui est maintenant quasiment complète ; nous allons encore recruter notre maître de conférence courant septembre 2024. Le second fait marquant, c’est le démarrage du DU Formateur en santé numérique en février 2024. C'est une formation de formateurs assez unique dans le paysage universitaire français. Je pense que c'est une sacrée réussite, grâce à l'investissement de l'équipe SENS. Le troisième fait marquant, c’est la création du DU Compétences Numériques en Santé qui est aussi un diplôme très novateur dans son domaine. J'ajoute aussi l’inauguration de la salle SENS, qui a été perçue par beaucoup comme le lancement officiel du projet SENS.

Quelles sont vos ambitions pour les quatre années à venir ?

Je souhaite que tout continue à rouler comme cela a commencé ! Ce que je voudrais vraiment, c’est qu’au-delà des cinq années de financement par l’ANR, nous arrivions à pérenniser au maximum le projet... pour que ce ne soit plus un projet ! J'aimerais que la santé numérique relève du fonctionnement routinier dans nos facultés de santé. Je ne comprendrais pas qu’il faille arrêter le projet au bout de cinq ans.

Comment voyez-vous l’après SENS ?

Il n’y a pas de raison que l’enseignement numérique en santé disparaisse. Au contraire, on tendrait plutôt vers une intégration plus importante dans les cursus de formation. Les intrications doivent devenir encore plus fortes entre les spécialistes de la santé numérique et les différentes disciplines concernées.

Santé numérique : panique ou déclic ?

Je dirais un peu les deux ! On peut dire qu'il souffle comme un petit vent de panique sur la santé numérique. D’un côté, les citoyens sont inquiets de se voir envahir par l’intelligence artificielle dans un domaine comme celui de la santé, qui est particulièrement sensible ; mais c'est aussi un déclic comme nous avons pu le voir avec le covid-19 : sans la possibilité de téléconsulter ou de réserver ses rendez-vous médicaux sur internet, la santé se serait arrêtée. Du côté des professionnels de santé, c'est le déclic, parce les outils numériques comme l'intelligence artificielle simplifient les pratiques et permettent de se concentrer sur un domaine d'expertise ; et c'est aussi la panique, parce les nouvelles technologies interrogent la maîtrise et la pratique du métier au quotidien. 

Propos recueillis par Pauline B. | 28/02/2024

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